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Un tout autre Cambodge

Pendant un périple de 11 heures en minibus, nous montons au nord-est du Cambodge dans la province de Rattanak Kiri dont le nom signifie « Collines des pierres précieuses ».

Une grande partie des habitants de cette région appartiennent à des groupes ethniques minoritaires rassemblés sous le nom de Khmers Loeu (khmers du haut). Ils parlent une langue avec des dialectes variés et des coutumes propres.

Depuis quelques années, l’exploitation illégale des forêts constituent un problème, non seulement écologique, mais également économique pour ces habitants. Les richesses naturelles de ce coin de pays attirent aussi les grandes compagnies qui obtiennent des concessions pour l’exploitation notamment du zircon et de l’arbre à latex.

Arrivés à Ban Lung, nous rencontrons notre partenaire Organisation de soutien aux autochtones (ICSO). Le but de cette organisme est de renforcer les communautés minoritaires autochtones par leur organisation en réseaux et pour qu’elles puissent faire reconnaître et défendre leur droits. En résumé, ICSO :

  • aide les communautés à enregistrer leurs titres de propriétés auprès des différents paliers de gouvernement;

  • donne de la formation en épargne et en économie collective, en agriculture, en santé et en hygiène;

  • travaille à améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes et lutte contre le travail des enfants et pour leur scolarisation.

Développement et Paix contribue au financement global de ICSO. À partir de ce budget, les membres de l’administration décident des priorités financières de l’organisme et peuvent ainsi appuyer le développement de projets à long terme. L’ISCO préfère l’approche de financement de Développement et Paix plutôt qu’un financement par projet spécifique car cela leur donne plus d’autonomie et de flexibilité pour répondre aux besoins des communautés qu’il appuie.

Visite du village de Svay

Nous recevons un accueil chaleureux au son sourd du gong du village qui appelle au rassemblement dans une sorte de maison longue sur pilotis qui rappelle un peu celles de certains amérindiens.

Avant le début de la réunion, nous participons à une cérémonie spirituelle qui demande aux esprits d’éclairer les participants. Quelques représentants se placent autour des offrandes aux ancêtres : une urne de vin de riz placée près d’un poulet rôti. Pendant que le chef du village prononce les paroles sacrées, nous brassons énergiquement le vin de riz avec une paille de bambou. Pour terminer, à tour de rôle nous sommes invités à boire une gorgée de ce vin à même la paille de bambou placée au centre de la cruche.

Dans cette communauté éloignée, les habitants vivent de la forêt et de l’agriculture selon leurs coutumes traditionnelles. Elles ont de plus en plus de problèmes à cause de l’accaparement des terres dont elles sont victimes. La pauvreté est grande : il y a beaucoup de problèmes sociaux et beaucoup partent travailler à l’étranger (surtout en Thaïlande et en Corée du Sud).

Une journée type dans la vie d’une femme keung.

  • La femme se lève tôt, se lave, va chercher l’eau au puit pour faire cuire le riz, prépare le repas du matin et le goûter du midi qu’elle apporte aux champs.

  • Elle marche 3 km avec les enfants qui ne sont pas encore en âge d’aller à l’école pour se rendre aux champs où elle s’occupe des plantations avec les hommes.

  • Les jeûnes d’âge scolaire viennent rejoindre leurs parents aux champs pour le repas du midi.

  • En après-midi, avant de rentrer, elle prend soin des animaux (principalement des poules). La chasse et la trappe (chevreuil, sanglier, lièvre, etc.) font également partie des activités de la famille, mais repose principalement sur le travail des hommes.

  • Le retour est ponctué de cueillette (champignons. herbes, bois, petits fruits, etc.). Ensuite, c’est le repas du soir, la vaisselle, le ménage et peut-être, enfin, le repos.

Plusieurs membres des communautés visitées font partie d’un projet de conservation et de protection de la forêt. Appuyé par notre partenaire, DPA, les villageois et villageoises organisent des patrouilles de la forêt pour la décourager les braconniers et les voleurs de bois. Chaque groupe de 8 bénévoles patrouille la forêt à raison d’une semaine par mois. Le travail se fait en collaboration avec les autorités locales qui interviennent à la demande des patrouilleurs et patrouilleuses. Ces groupes de protection de la forêt sont maintenant reconnus par les différentes instances gouvernementales.

Ce projet contribue à la régénération de la forêt, à la prolifération des animaux. Il est prévu que cette réserve forestière soit à nouveau exploitable d’ici 15 ans. En attendant, les patrouilleurs et patrouilleuses n’ont le droit que de prélever certains produits forestiers non ligneux (petits fruits, champignons, petit bois, etc.) en échange de leur service. La trappe est également possible.

Avant de terminer, je me permets de vous raconter une anecdote qui nous a été rapportée lors de notre rencontre avec les patrouilleurs et patrouilleuses :

Lorsqu’un patrouilleur se perd dans la forêt et tarde à revenir au village, les villageois prient ensemble pour que les esprits de la forêt lui montrent le chemin. Jusqu’à maintenant ils sont tous rentré sain et sauf. Avec cette confiance qu’ont les autochtones envers les esprits, nul besoin de GPS (qui sont tout de même utilisés par les gens du ministère de l’agriculture et des forêts).

P.S. J’ai adoré la province de Rattanak Kiri avec ses paysages grandioses et verdoyants, mais encore plus ses habitants accueillants, chaleureux, fiers et souriants. Malgré leur pauvreté, ils et elles sont riches de cœur. Comme le dit la chanson québécoise « … Je les aurai dans la mémoire encore longtemps… ».


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