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Rencontre avec des femmes inspirantes.

Pour bien comprendre le contexte des projets décrits plus loin, un bref rappel historique sera utile.

Le Cambodge a d’abord été bombardé par les Américains durant la guerre du Viet Nam. Aussitôt après, de 1975 à 1979, ce fut l’horrible génocide des Khmers rouges, avec 2 millions de morts. Le Viet Nam occupe ensuite le pays durant 10 ans. La guérilla n’aura cessé qu’en 1998. Le Cambodge s’en est retrouvé très appauvri et fragilisé au plan de la cohésion sociale. Blessure profonde encore à vive chez plusieurs, et souvent évoquée.

Les 9, 10 et 11 juin ont été consacrés à la visite de projets montés par BANTEAY SREI. Nous étions accompagnés de Chenda, cambodgienne guide et d’un interprète pour cette portion du voyage.

Cette organisation non-gouvernementale de femmes cambodgiennes est supportée par Développement et Paix. Elle travaille auprès des femmes les plus pauvres vivant en milieu rural. BANTEAY SREI monte avec elles des projets visant l’amélioration de leur niveau de vie. On touche à la fois les domaines économiques, familiaux, psychologiques et politiques. Cela casse l’isolement de ces femmes et contribue à leur renforcement par le groupe et la solidarité.

Le 9 juin en avant-midi, nous nous sommes rendus au village de Bampen. Nous y avons visité un comptoir alimentaire autogéré ainsi qu’une coopérative de micro-crédit. Nous avons surtout rencontré un groupe de 17 femmes réunies à la salle communautaire. Elles y étaient venues pour un atelier d’échanges sur leur condition de vie en tant que femmes.

Le sujet principalement abordé avec elles, après présentations, fut celui de la violence conjugale. Ces femmes ont toutes connu la guerre et ont toutes été victimes de violence, et souvent le sont encore présentement. Elles nous ont parlé ouvertement. Le regroupement leur permet, selon elles, de mieux comprendre le cycle de la violence, d’y faire face et d’éduquer leurs maris. Elles se sont aussi munies de numéros d’urgence. D’où, toujours selon elles, une diminution de ce problème de plus de 60%.

Nous avons passé l’après-midi du 9 juin au village de Taprok. Cela a débuté par la visite d’un jardin communautaire géré par la coopérative du village. Ensuite, rencontre au village (maisons sur pilotis disséminées dans la forêt) d’un groupe de 30 femmes avec la présentation du fonctionnement de leur coopérative, notamment au niveau du micro-crédit. Notons que le compte est ouvert au nom de la femme, qui gère les affaires domestiques.

Dans ce village, 30 personnes dépassent les 70 ans : toutes des femmes veuves de guerre.

Anecdote qui fait sourire : voyant une des nôtres utiliser de la crème solaire, les femmes ont cru que c’était une lotion pour se blanchir la peau. ce qui suscite un grand intérêt, vu que c’est le désir de plusieurs.

Le 10 juin au matin, nous nous sommes rendus à Battambang, ville d’une province voisine de Siem Reap : 3 heures d’une route implacable avec des ressorts d’autobus qui exagèrent parfois. De chaque côté, une terre rousse avec, ici et là, des vaches maigres broutant une herbe jaune au bout de leur corde. Des maisons, toutes sur pilotis à cause de la saison des pluies et qui procure de l'ombre, s’alignent à la queue leu leu, qu’elles soient de pailles, de planches ou de ciment. Devant la plupart: un autel érigé pour honorer les esprits des ancêtres de la famille. Des étals sommaires d’épicerie de base jaillissent un peu partout, avec leurs compagnes les mouches. Un peu partout pendouillent des hamacs, souvent le seul élément de confort de la maisonnée.

Dans l’après-midi du 10 juin ainsi que durant la journée du 11, nous nous sommes rendus dans 2 autres villages : Phey Roka et Kampong Chnaing Muoy. Nous y avons retrouvé le même contexte de vie, avec les mêmes projets : jardins communautaires, poules et poulets, micro-crédit. On y encourage spécifiquement les familles à envoyer et maintenir leurs filles à l’école. On incite les femmes à se présenter aux élections locales et régionales.

Pour terminer, signalons que partout, nous fûmes accueillis avec une simplicité généreuse et authentique. Les sourires étaient irrésistibles.

Merci à vous toutes, femmes de BANTEAY SREI et de ces villages cambodgiens hébergeant trop de pauvreté. Vous êtes vivantes, et la souffrance me semble vous avoir conduites à cet amour dépassant la vengeance et la haine. Proches de la vie, vous êtes en train d’enfanter un monde nouveau.


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