Quatre poules et un coq.
En quittant la capitale Phnom Penh, nous nous dirigeons vers le plus grand lac du Cambodge, le Tonle Sap. De Siem Reap vers Battambang, la végétation est devenue plus verte: des arbres en fleurs, des cultures plus variées, des animaux un peu plus gras. Nous avons surtout eu la chance de constater les résultats du travail de nos partenaires dans des petits villages. Il est fascinant, instructif et parfois émouvant de réaliser que l’acquisition de quatre poules peut changer la vie d’une famille, que quatre vaches peuvent faire toute la différence pour les plus pauvres d’un petit village. Que de travail, de débrouillardise de la part de ces gens ! Que de fierté et de reconnaissance dans leurs yeux!
Nous quittons Battambang, une autre ville qui fut vidée de ses habitants le 17 avril 1975, et nous nous dirigeons vers la province de Kampot au sud, pour y visiter d’autres partenaires, c’est le but de notre séjour de solidarité.
«C’est l’immensité des champs verts, c’est le riz qu’on avait semé plus tôt qui commence à pousser. Il y a plus d’animaux dans les champs, et sur la route». On y croise tous ces enfants qui voyagent à l’école à vélo, à mobylette ou en camion, des enfants qui portent tous un uniforme scolaire. Nous croisons des motos surchargées de personnes ou de bagages, des motoculteurs transformés en véhicules routiers, beaucoup de débrouillardise avec des règles de la route assez différentes des nôtres.
C’est mardi et nous allons visiter d’autres partenaires qui reçoivent le support de DPA. Cette journée ensoleillée commence par un déjeuner avec Sœur Shinko, une religieuse japonaise de la congrégation des Sœurs de l’Enfant-Jésus de Chauffailles. Elle travaille dans une maternelle Montessori. Ce sera l’occasion d’assister au rassemblement du matin dans la cour de l’école: un chant des enfants et nous chantons notre «Frère Jacques», aussitôt repris en khmer par les enfants.
En route vers Chumkiri pour y visiter la communauté agricole PSR (Porsamrong), soutenue par DPA. En plus de Développement et Paix, cette communauté reçoit l’appui des autorités locales (Ministère de l’agriculture, chef du district). Les activités importantes de PSR sont le micro-crédit, le commerce du riz et le commerce de l’engrais chimique. On veut aussi, en 2016, commencer à vendre de la moulée pour les cochons. On donne aussi de la formation technique sur la culture du riz, la culture maraîchère et les engrais chimiques qu’on mélange avec le compost. [if !supportLineBreakNewLine] [endif]
Le micro-crédit Cette «caisse populaire» possédait au début 59 membres (42 femmes) avec un capital de départ constitué de 195 enveloppes de 50 000 riels chacune (environ 12,50$US). Le capital en 2016 est de 49 414 enveloppes de 10 000 riels. Les membres peuvent emprunter plus d’une enveloppe à un taux de 3% qui permet d’augmenter le capital du village. Les prêts sont accordés pour des besoins reliés au travail, à la maladie ou pour tout autre besoin. Ce sont les femmes qui assistent aux réunions de cette coopérative de crédit, les hommes étant à l’extérieur pour leur travail. Il y a aussi un fonds d’aide pour les victimes de décès, d’inondation ou de sécheresse.
Suite à cette rencontre, nous visitons la propriété d’une petite famille vivant sur un terrain de 36 par 46 mètres. Cette année, les citrouilles ne poussent pas car il n’y a pas d’eau. La nappe phréatique n’étant pas accessible dans cette section, seule l’eau de pluie sert pour l’arrosage. Avec un budget de 300 $US, un bassin de rétention d’eau a été creusée pour les saisons à venir. Encore faut-il de la pluie!
En après-midi, une petite famille, vivant isolée, nous reçoit dans son élevage de poules. De cinq poules et un coq reçus en 2008, la petite ferme en possède maintenant 60. La formation reçue de DPA a permis d’obtenir de bons résultats pour la production de poulets. Le plus jeune des enfants a pu ainsi aller à l’école. Les avantages de cette ferme isolée: il y a toujours de l’eau et il n’y a pas de voleurs de poules!
Il y a beaucoup de détails dans la description de ces visites mais nous sommes ici à une échelle si éloignée de notre vie nord–américaine de surconsommation et de luxe avec des mesures sociales qui ne sont pas imaginables ici. Penser qu’un prêt de 12,50$ ou que l’acquisition de 4 poules et d’un coq vont changer la vie d’une famille ou d’un enfant est loin de notre façon de vivre au Québec...
Toutes ces familles rencontrées vous disent Merci ! [if !supportLineBreakNewLine] [endif]